
Evoluant dans un contexte urbain chaotique, je me suis posé la question en quoi consistait la contemporanéité, comment faire que mon imagination ouverte aux activités quotidiennes puisse projeter des éléments qui rendent reconnaissables certaines sensibilités collectives.
L’art, et plus précisément les installations et la vidéo se sont converti en instruments pour exprimer cette mécontentement de ma société et ma ville. En tout cas, un certain type de mélancolie traverse le contenu visuel de mes œuvres. Le jeu et la confrontation sont d'autres éléments qui se rejoignent lorsque je fait recourt à l'auto-représentation. La mélancolie du sujet-artiste entouré du mobilier urbain et médiatique.
La machine vélo se mêle aux pratiques exploratoires de ma réalité, me rend possible performer le réel, accomplir quelque chose, et non jouer un rôle. Entre l’expérience esthétique et l’expérience ordinaire, ma pratique du vélo est caractérisée par une spontanéité corporelle, et aussi par un désintérêt vis-à-vis du sport vélo, montrer la présence d’une anarchie, une forme qui serait celle d’une réalité.
La mise en scène de mes gestes ordinaires ne doit pas être négligé. Le mouvement laisse des traces dans mon corps, en se faisant ainsi attitude, comportement, façon d’être. Les gestes façonnent mes habitudes et modèlent mon vécu, ils finissent bien par définir mon identité. Les gestes sont donc ma matière plastique.
Me faire remarquer n'est pas absent de ma démarche. Plus mes vélos sont originales, plus ils sont visibles. On les reconnaît, je les appelle par leur nom ou leur surnom. Ils font partie du nouveau spectacle de la rue. Joignant l'utile à l'agréable.
Il faut dire que le vélo est en soi un petit objet incorporé. On ne l'aménage pas, on le bricole. A la limite entre aménagement et incorporation. Patient et fidèle, il « elle » est une autre partie de moi.